La France sans président

La France sans président

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La cohabitation n’est pas dans notre tradition constitutionnelle. Pour un Mac-Mahon acceptant, peu de temps, de se soumettre, trois présidents de la République furent contraints de se démettre. Jules Grévy, Casimir Périer, Alexandre Millerand durent se rendre, sinon aux arguments, du moins aux injonctions d’assemblées hostiles, accentuant encore par leur défaite la faiblesse de l’exécutif. De ces précédents, le cas d’Alexandre Millerand est incontestablement le plus intéressant car le plus moderne. C’est en effet parce qu’il avait fait le choix d’une présidence active, gage de continuité et de stabilité, qu’il est forcé le 11 juin 1924 d’abandonner son mandat. Le conflit qui l’oppose aux élus du Cartel est assurément politique : il s’est trop identifié au Bloc national pour ne pas suivre celui-ci dans sa chute. Mais il est aussi, et plus profondément, institutionnel : ce que la Chambre condamne, c’est la tentative qu’a faite Millerand de redonner aux institutions un équilibre rompu depuis quarante ans au détriment de l’exécutif. Sans président, c’est-à-dire sans chef de l’État doté de véritables prérogatives propres à assurer le bon fonctionnement des institutions, la France l’a été longtemps. Trop longtemps sans doute et « l’expérience Millerand » en témoigne éloquemment. Est-ce cette France-là, cette France des « cent présidents », dominée par les coteries et les intérêts partisans, que fera renaître la prévisible alternance politique du printemps prochain ? Ou bien celle-ci sera-t-elle l’occasion d’inventer une nouvelle forme de coexistence institutionnelle ? La France sons président n’est pas un ouvrage de politique-fiction mais un livre qui tire son inspiration des leçons de l’Histoire. Sous le pseudonyme de Las Casas, les auteurs ont voulu dire une conviction partagée par le plus grand nombre au-delà des sensibilités partisanes.

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